On vous explique : l’impression Cloud
La généralisation du Cloud laissait augurer de la disparition du papier. Ce qui est vrai, mais en partie seulement. Historiquement, par habitude, ou pour des contraintes métier, de nombreux professionnels doivent encore avoir recours aux impressions. Alors comment faire communiquer deux mondes : votre imprimante et vos ressources informatiques virtuelles ? Réponse par l’impression Cloud.
Avec la virtualisation des ressources informatiques, certains se sont pris à rêver d’un IT complètement dématérialisé. Mais tout concept a ses limites. Tout d’abord, parce qu’il faut tout de même des périphériques pour interagir avec l’utilisateur. Et surtout parce que le papier reste encore présent dans bien des entreprises. Mais une fois vos ordinateurs et serveurs dématérialisés dans le Cloud, comment faire pour assurer l’impression de quelques pages sur l’imprimante qui se trouve dans vos bureaux ?
Les données, et leur traitement
Comme à notre habitude, commençons avec un peu d’histoire. Avant que le Cloud n’existe, ou qu’il s’appelle ainsi, les entreprises étaient équipées de systèmes centraux, avec lesquels on interagissait via un terminal. Aucune donnée n’était stockée localement, elles restaient sagement dans l’ordinateur central : les ordres étaient donnés via le clavier, et le résultat des commandes et des programmes était affiché à l’écran. Les imprimantes étaient reliées directement à ce serveur, seul endroit d’où les données pouvaient sortir.
Avec l’arrivée des PC, et du modèle client-serveur, les données ont été rapatriées vers – et traitées par – le terminal de l’utilisateur, via le réseau. Les imprimantes elles aussi ont été connectées au réseau, et on pouvait virtuellement imprimer depuis n’importe où sur n’importe quelle imprimante. Seule condition à respecter toutefois : que tous les réseaux locaux soient raccordés entre eux via des liens privés, bien souvent par le biais de VPN (Virtual Private Network, réseau privé virtuel ou l’émulation d’une ligne privée sur une connexion Internet).
Le modèle client-serveur a initié le découplage entre la génération du job d’impression et le rendu sur imprimante
Mais avec l’émergence du Cloud, ce modèle a été à nouveau bouleversé. Les ressources Cloud, que ce soit des postes virtuels ou des serveurs, se trouvent dans des infrastructures publiques. Non pas qu’elles sont exposées à tout un chacun, mais elles sont accédées via Internet. Evidemment, utiliser un VPN est toujours possible pour accéder aux imprimantes locales. Mais ce réseau virtuel n’est plus justifié que pour adresser ce besoin, ce qui finit par s’avérer assez cher et complexe.
Faire redescendre les impressions du Cloud vers les imprimantes
Alors, est-ce que le Cloud signe la fin des impressions ? Non, car à leur tour celles-ci peuvent être virtualisés. Voici donc les impressions Cloud. Plutôt que de lancer une impression depuis une machine sur une imprimante, les impressions Cloud reposent sur une infrastructure centralisée qui sert d’intermédiaire entre les appareils qui lancent les impressions d’une part, et les imprimantes qui les reçoivent. Chacun de ces éléments vient s’enregistrer sur ce serveur d’impression virtuel.
On retrouve ainsi la facilité d’impression du modèle client-serveur. Mais sans le VPN. Et avec une compatibilité étendue à tous les types d’appareils : PC, Mac, mais aussi les smartphones iPhone ou Android, et même les iPads. La sécurité n’est pas en reste, puisque les imprimantes sont connectées au serveur d’impression Cloud central via les protocoles TLS, ceux qui sécurisent l’accès au Web du quotidien. Il n’est plus nécessaire non plus de gérer les pilotes d’impression, qui sont stockés sur le serveur Cloud. Enfin, l’impression sécurisée de documents confidentiels – les pages ne sortent que lorsque vous êtes à proximité – est possible en standard, sans surcoût.
Le Follow Me est désormais accessible avec un simple smartphone : vous imprimez où vous voulez, au moment où vous le voulez
De nombreux éditeurs historiques du monde de l’impression se sont lancés sur ce marché : Canon, Xerox, Papercut. Comme souvent, Microsoft a réagi plus tard. Mais dispose toujours de l’avantage de contrôler le système d’exploitation le plus répandu dans le monde. Et donc d’intégrer les services d’impression Cloud directement dans Windows 10 et Windows 11. Son service Universal Print ne déroge donc pas à la règle, et ajouter une imprimante sur un poste utilisateur est aussi simple que de connecter une imprimante locale. Quelques « pure players » émergent aussi, comme Thin Print, en prenant une longueur d’avance grâce à leur focalisation unique sur ce marché.
Des limitations et des possibilités nouvelles
Alors, parfait le service d’impression Cloud ? Evidemment pas, car toute médaille a son revers. Pour les professions dont les impressions sont très spécialisées (les bureaux d’ingénieurs, les architectes) et qui génèrent des volumes importants sur des machines souvent spécifiques, il vaut mieux continuer à imprimer en local, sous peine d’attendre (très) longtemps ses travaux. De manière générale, les gros volumes d’impressions ne sont pas adaptés, puisque les données doivent faire l’aller-retour dans le Cloud.
Par ailleurs, ce modèle ne fonctionne nativement que pour les imprimantes qui sont compatibles : les machines doivent en effet être capables de se connecter sur le service Cloud, de s’y annoncer, et d’échanger avec le service. Mais les éditeurs maintiennent à jour des listes de compatibilité, et elles s’agrandissent chaque jour. Et pour les imprimantes qui ne seraient pas compatibles, il existe des boîtiers à placer sur le même réseau que celles-ci pour agir comme un intermédiaire : le boîtier voit les imprimantes, et est capable de discuter avec le service d’impression Cloud.
La révolution Cloud de l’impression est donc en marche. Elle pousse encore un peu plus loin le paradigme de la virtualisation, qui tend à ne laisser sur votre réseau d’entreprise que des périphériques d’entrée/sortie plus ou moins passifs, alors que stockage des données et traitements se font massivement de manière centralisée. Tout en apportant son lot de fonctions innovantes et avancées et en vous faisant bénéficier d’un paiement à l’usage.
Emmanuel Dardaine