Architectes, bureaux d’ingénieurs : les solutions face au défi Cloud
Historiquement, les professionnels réalisant des dessins par ordinateur ont toujours travaillé en local. Taille des fichiers, performances, collaboration : autant de critères qui rendaient architectes et ingénieurs dépendants d’une infrastructure sur site. Et les éloignaient du Cloud. Mais le choc du Covid et les progrès technologiques ont chamboulé ce secteur. Et voici comment, et pourquoi.
Savez-vous à quoi ressemble le poste de travail d’un architecte ? On est loin du PC standard dédié à la bureautique. Ses performances – et, par conséquent, ses spécifications – sont généralement au-dessus de la moyenne. Processeur, mémoire, capacité disque : tout est surdimensionné. Cerise sur le gâteau : il lui faut une carte d’affichage vidéo plus que performante. Pourquoi ? Les logiciels utilisés font appel à la 3D, ce qui nécessite un traitement particulier.
Lourds fichiers, lourds programmes
La cause de tout cela incombe aux logiciels utilisés : ces applications aux fonctions complexes sont lourdes. Et elles génèrent des fichiers qui le sont tout autant. Avec une conséquence directe sur l’architecture du réseau informatique : les serveurs de stockage doivent se trouver à proximité et ils doivent proposer des débits suffisants pour rendre l’exploitation des fichiers souple et confortable. Il n’est en effet pas rare de travailler sur des projets de plusieurs centaines de méga-octets, voire plus.
Le décor étant planté, projetons-nous quelques années en arrière. La pandémie de coronavirus débarque en Europe. Et tout le monde rentre à la maison pour travailler en sécurité. Avec des dossiers correspondant à plusieurs centaines de fichiers Word, inutile de dire que le défi s’avérait particulièrement relevé pour reproduire les conditions du bureau. Même avec une connexion Internet ultra-performante, travailler en ligne s’avérait impossible. Et le rapatriement des fichiers en local, même s’il était long, devenait une obligation. Avec son lot de risques et de failles de sécurité.
Stockage Cloud, et plus encore
Conséquence intéressante, cela a permis d’accélérer le développement du travail en ligne avec ces outils spécifiques. Comment ? Tout d’abord, certains utilisateurs ont souhaité pouvoir stocker leurs projets dans leur stockage Cloud existant, comme OneDrive ou SharePoint. Si certains éditeurs ont même intégré ces outils dans leurs logiciels – c’est le cas pour Autodesk par exemple, d’autres comme Archicad n’étaient pas conçus pour cela, ce qui a pu causer quelques déboires.
Si on avait imaginé qu’un simple stockage Cloud lambda aurait pu suffire, le mode de fonctionnement des logiciels de dessin pouvait nécessiter un peu plus de sophistication
Pour aller un peu plus loin, les éditeurs ont donc tout simplement ajouté des fonctions de stockage Cloud propres dans leurs outils. Il devenait alors possible de placer ses fichiers, même volumineux, dans le service en ligne de l’éditeur pour les utiliser de manière indifférenciée depuis la maison ou le bureau. Cela pouvait se faire sous la forme d’un simple dépôt de fichiers distant, mais plus généralement, via un service de collaboration en ligne correspondant au standard BIM.
BIM, Cloud et architectes
BIM – pour Building Information Modeling – est une norme permettant de modéliser un ouvrage au cours de toutes ses phases (de la construction à la destruction), et d’en définir les processus de création et de production. En cela, il permet de centraliser et de partager des données, y compris de conception. Si les cabinets avaient pour habitude d’héberger en interne leur serveur BIM, les capacités de cette technologie combinées au télétravail forcé ont abouti rapidement à une externalisation de ces serveurs. Et ceci d’autant plus que BIM permet aussi à des organisations extérieures d’intervenir sur un projet, de manière efficace et performante.
On a vu apparaître alors chez les éditeurs des versions en ligne de leurs logiciels BIM, en mode SaaS (Software as a Service). C’est-à-dire sous la forme d’infrastructure à la demande louée mensuellement, telles que BimCloud de Graphisoft, ou Revit d’Autodesk. Les ingénieurs et dessinateurs se libéraient ainsi du matériel nécessaire à l’hébergement de leur solution BIM. Avec, en prime, la possibilité chez certains de consulter et de modifier des fichiers directement en ligne dans un navigateur, comme c’est le cas par exemple avec le logiciel Revit.
En l’espace de quelques années, on a donc vu un secteur d’activité dont les contraintes – et les réticences – étaient les plus fortes vis-à-vis de l’externalisation des données, se transformer à marche forcée. Et la technologie lever les dernières barrières face à l’adoption du Cloud. Si la pénétration sur le marché des architectes et des bureaux d’ingénieurs peut encore clairement progresser, et que l’usage en ligne n’offrira jamais le même confort que fichiers et logiciels locaux, le constat est pourtant clair : les solutions sont là et apportent des réponses concrètes et efficaces à ce secteur.
Emmanuel Dardaine
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