Les ingénieurs et les architectes ne sont pas les professionnels les plus adeptes du Cloud. En cause : leur exploitation de fichiers volumineux qui n’apprécient pas l’utilisation à distance. La généralisation du télétravail les a pourtant éloignés de leurs données. Heureusement, les évolutions technologiques récentes les ont aidés dans cette démarche. Et la donne a fini par changer.

Si les ingénieurs et les architectes sont peu enclins à utiliser le Cloud, c’est pour une raison bien différente de celles qui sont classiquement mises en avant par le reste des professionnels – sécurité ou contrôle des données. Non, ces professions techniques mettent en général plutôt en avant le manque de confort dans l’exploitation de leurs fichiers.

Il faut dire qu’ils utilisent des programmes gourmands, procédant à des calculs intensifs et utilisant largement la 3D. Les fichiers générés par ces programmes – plans, modélisations et rendus 3D – sont par nature très volumineux. On ne parle pas de PDF ou de fichiers Word de quelques centaines de kilo-octets, mais bien de fichiers techniques pesant plusieurs centaines de mégaoctets, voire plus. Soit un facteur 1’000.

Ingénieurs, architectes : même combat

L’exploitation de ces fichiers repose donc généralement sur un serveur local, au plus proche des stations de dessin censées les utiliser. En n’utilisant qu’un réseau local et une distance la plus courte possible entre stockage et poste de travail, la latence pour ouvrir ou enregistrer ces fichiers mastodontes est réduite au minimum et le confort est préservé. Ce mode de fonctionnement permet aussi de conserver une fonction essentielle : le verrouillage des fichiers en écriture, qui évite la modification concurrente des fichiers.

Jusqu’à maintenant, ce principe de travail était donc le plus répandu, et peu de choses ne semblaient pouvoir le remettre en question. C’était évidemment sans compter sur la pandémie, qui a renvoyé tout le monde à la maison, et amené les collaborateurs à se connecter à distance aux ressources de l’entreprise. Avec plus ou moins de bonheur et de confort. Les ingénieurs et les architectes se sont donc retrouvés éloignés de facto de leur chères (et lourdes) données.

Avec la pandémie, il a fallu improviser pour accéder à distance aux volumineux fichiers de dessin et de conception

Ils se sont donc connectés au réseau de l’entreprise, via un VPN, et ont tenté d’ouvrir leurs fichiers comme ils le faisaient habituellement : un double clic dans Windows Explorer ou depuis le Finder Mac. Mais les couches venues se rajouter entre leur ordinateur et les fichiers – la connexion Internet de la maison, le VPN et le firewall, le trajet aller-retour via Internet – les ont vite fait déchanter. Il était tout simplement impossible de travailler “comme au bureau”.

Il a donc fallu improviser pour retrouver du confort. Au détriment de certains processus métiers, fatalement, ou même de la sécurité la plus élémentaire. Ainsi, les fichiers ont été copiés localement afin de travailler à nouveau dans des conditions acceptables. Corollaire de cette nouvelle façon de procéder : le verrouillage des fichiers avait disparu, et les risques de créer des versions de fichiers divergentes étaient grands, si les équipes ne prenaient pas le soin de mettre en place quelques garde-fous.

La technologie au secours des métiers techniques

Une fois décrit ce paysage, il serait logique de penser que les solutions manquent, et que cet état de fait est là pour durer. A moins de faire maigrir drastiquement les fichiers, ce qui n’est pas envisageable. Ce serait sans compter sur les avancées technologiques des éditeurs de logiciels, qui ont parié depuis longtemps sur le Cloud et qui se doivent d’adresser aussi ce marché. Comment ?

Prenons le cas d’Autodesk, un des leaders des logiciels de dessin technique en entreprise. Si ses produits supportent naturellement le stockage des fichiers sur un serveur local, ils permettent maintenant également l’utilisation du stockage Cloud. Par exemple, grâce à un partenariat avec Microsoft depuis 2019, il est possible d’utiliser OneDrive ou SharePoint pour enregistrer plans et modèles Autodesk, directement depuis les logiciels de l’éditeur.

Ces rapprochements entre leaders technologiques ne sont pas anodins, et démontrent les efforts consentis pour adresser les cas d’usage les plus complexes et les plus exigeants. Autrement dit, ils dénotent la tendance prise par le marché informatique, à savoir une généralisation du Cloud dans tous les secteurs.  Même s’il reste encore bien du chemin : tout d’abord parce que le verrouillage de fichiers n’est pas supporté nativement chez Microsoft, et que des corruptions de fichiers peuvent survenir.

Les outils Cloud standard ne suffisent pas forcément, alors Autodesk a pris les choses en main

Dans cette démarche de délocalisation des fichiers, Autodesk, encore lui, explore une seconde voie : la mise à disposition de son propre stockage Cloud. Cette alternative permet de passer outre les limitations liées à l’utilisation d’un Cloud tiers. Tout d’abord, la maîtrise de la chaîne de bout en bout permet de conserver l’intégrité des fichiers : quoi de mieux qu’un stockage Autodesk pour conserver des fichiers produits et sauvegardés par un logiciel Autodesk ?

Surtout, le développement de composants logiciels spécifiques permet de contourner l’absence de verrouillage de fichiers dans le Cloud. Ainsi, Autodesk Connector est un petit programme qui s’interface entre le logiciel de dessin et le stockage Cloud de l’éditeur pour s’assurer qu’un fichier ouvert, même à distance, ne sera pas modifié en parallèle par un autre utilisateur.

Un stockage Cloud illimité pour 0.-

Reste à évoquer le coût de ce stockage. Conscient que l’adoption de sa solution nécessite quelques incitations, et que la concurrence se renforce un peu plus chaque jour, Autodesk a tout simplement décidé depuis quelques mois de la rendre gratuite, ou plutôt de l’intégrer aux licences AEC (Architecture, Engineering & Construction) déjà souscrites par ses clients. Et ceci sans limite de stockage. En donnant d’un côté le confort que les utilisateurs attendaient, et en n’ajoutant pas de surcoût, Autodesk met toutes les chances de son côté pour capter la clientèle.

Mieux, le stockage documentaire en ligne d’Autodesk est également celui utilisé pour stocker les données de sa solution BIM360. BIM (Building Information Modeling) est un ensemble d’outils de modélisation des bâtiments, qui permet notamment le travail collaboratif sur un même projet (plusieurs utilisateurs, de plusieurs corps de métier). Ce modèle nécessite de centraliser les données de représentation des bâtiments, et là encore le stockage Cloud prend tout son sens.

Pour les ingénieurs et les architectes, nous sommes donc à l’aube d’une révolution. Ce secteur, qui avait été épargné par la transition Cloud qui sévit dans d’autres, moins exigeants, est désormais dans le radar des fournisseurs de solutions en ligne. La maturité des outils combinée au besoin grandissant de travail collaboratif dans ces métiers techniques en font désormais des candidats idéaux pour démontrer la puissance des outils Cloud.

Emmanuel Dardaine

emmanuel dardaine expert cloud

Acrotec est un groupe jurassien actif dans la micro-mécanique de précision. 25 entreprises ont rejoint le groupe, qui les épaule commercialement, techniquement et financièrement dans leur développement. Si chaque société dispose de son indépendance informatique, il était nécessaire de centraliser comptabilité et données financières. C’est là que l’infrastructure Cloud et Steel Blue entrent en jeu.

Fondé historiquement en 2001 avec l’acquisition de sa filiale Vardeco, le groupe n’a cessé depuis de se développer dans la micro-mécanique, avec l’acquisition régulière de fleurons du secteur, et de se diversifier. Présent initialement dans le domaine de l’horlogerie, il dispose de filiales dans le MedTech et la mécanique de très haute précision pour servir des clients dans la connectique, l’automobile, l’aéronautique, entre autres.

Acrotec tire sa force de l’assise financière sur lesquelles ses filiales peuvent se reposer, et de l’indépendance qu’il leur laisse dans leur exploitation au quotidien. Toutefois, le groupe a aussi décidé de mettre à disposition des moyens mutualisés qui optimisent l’efficacité des filiales et permettent d’en garantir un pilotage fin. Il en va ainsi des outils comptables, de la gestion commerciale (CRM) ou de l’analyse financière. Gavin Price, Senior Vice President Finance, nous explique cette approche.

« Le groupe n’est pas intrusif dans la gestion de ses filiales. Mais chapeauter 30 entreprises nécessite tout de même de remonter et traiter un certain nombre de données dans un système d’information unique. Nous avons donc décidé dans un premier temps d’installer un outil comptable centralisé pour certaines sociétés. Nous avons envisagé un déploiement dans le Cloud et assez rapidement, le choix de Steel Blue s’est imposé : leur expertise en la matière, et la palette de solutions offertes nous ont permis de répondre à tous les points de notre cahier des charges.”

Le logiciel Sage a donc été installé sur un serveur dans le Cloud Amazon (AWS, Amazon Web Services), et les accès ont été sécurisés pour les différentes sociétés du groupe qui avaient besoin de s’y connecter. Le serveur du logiciel comptable a été adossé à un système de gestion des identités Cloud (IAM, Identity and Access Management) en charge de contrôler permissions et authentifications pour la gestion du serveur. Cette brique de base a été ensuite réutilisée pour d’autres serveurs, comme nous l’explique Giuseppe Cardace, Group IT Manager d’Acrotec.

« Notre système d’information se nourrit de ceux des différentes filiales du groupe. Nous avions donc besoin de remonter et d’analyser des données de systèmes hétérogènes. Nous avons non seulement mis en place des mécanismes d’échange automatique de fichiers avec les filiales, mais nous avons aussi déployé un nouveau serveur Cloud afin d’harmoniser et consolider les données financières et opérationnelles dans une base de données. . Le tout avec un niveau de sécurité adaptée, et des sauvegardes quotidiennes mais aussi à long terme de nos données.”

L’histoire ne s’arrête pas là puisque, séduit par son expérience de la dématérialisation et de l’externalisation Cloud, le groupe a décidé d’y déployer son infrastructure de Gestion Electronique des Documents (GED), tout en établissant des passerelles entre ses systèmes et son CRM Salesforce. Gavin Price nous détaille ces développements.

« Déployer dans le Cloud nous donne une telle flexibilité que nous avons naturellement poursuivi dans cette voie pour étendre notre système d’information. Nous sommes maintenant capables d’échanger des données dans les deux sens avec Salesforce grâce aux technologies Serverless d’AWS que nous avons pu découvrir avec l’aide de Steel Blue, sans devoir installer le moindre serveur. Pour notre GED, nous n’avons pas eu non plus à acheter la moindre machine, puisque Steel Blue nous fournit un service managé tout compris, combinant infrastructure et infogérance pour un forfait fixe. Ce mode de fonctionnement est une source de confort non-négligeable. Tout comme la fiabilité, qui est exemplaire.”

Comme de nombreuses entreprises, Acrotec fait partie de ces acteurs innovants de l’industrie qui ont compris leur intérêt à placer une partie de leur informatique dans le Cloud et la faire exploiter par un expert du domaine. En plus de garantir une sécurité haut de gamme, l’absence d’investissement matériel tout comme la capacité à faire évoluer son parc au gré de ses besoins constituent des atouts pour le groupe Acrotec. Atouts sur lesquels il peut s’appuyer pour envisager sereinement de nouvelles acquisitions.

Emmanuel Dardaine

emmanuel dardaine expert cloud