Télétravail et confinement : quels enseignements pour les PME suisses ?

Télétravail et confinement : quels enseignements pour les PME suisses ?

Le confinement lié au Covid-19 a forcé les PME à s’adapter en un clin d’œil. Pour faire face et conserver tout ou partie de leur activité. Elles s’en sont plutôt bien sorties. En particulier dans le secteur tertiaire évidemment, soit trois quarts des emplois en Suisse. Mais quand tout cela sera fini, que retireront les petites entreprises de ces quelques mois de turbulence en télétravail ? Voici quelques perspectives.

Pour être honnête, la flexibilité dont les PME suisses ont su faire preuve est étonnante. Ou rassurante, c’est au choix. Dans le domaine des services en particulier – tendance confirmée chez nos clients – il n’y a pas eu de vent de panique. Les dirigeants ont globalement pu mettre en place les outils pour assurer l’accès aux données et aux applications. Ou utiliser ceux qui étaient là, à disposition, et qu’ils ne mettaient en œuvre qu’épisodiquement.

Gérer l’urgence et passer au télétravail

Alors évidemment, il a fallu parer au plus pressé. Et pour certains, l’accès aux données s’est plus apparenté à un bricolage temporaire qu’autre chose. Mais pour les autres – la grande majorité – il s’est agi simplement de mettre en place un VPN pour accéder soit au serveur de fichiers, soit aux ordinateurs de bureau. Pour ce qui est des communications, les emails sont depuis longtemps sur les smartphones. Et les applications personnelles – WhatsApp, FaceTime – permettent d’organiser des conférences audio et vidéo sans trop de mal.

Et qu’importe si les conditions de travail pouvaient parfois être dégradées – en comparaison des standards rencontrés au bureau, ou si les communications étaient régulièrement coupées ou distordues. Ces soucis, dans de telles circonstances, sont d’autant plus faciles à accepter par des interlocuteurs qui sont confrontés aux mêmes aléas. Bref, tout le monde s’est retroussé les manches, et s’est adapté au mieux.

Conserver son informatique sur site ne sera tout simplement plus possible pour assurer confort, mobilité et sécurité

Mais, passé le temps de l’adaptation initiale, ces nouvelles habitudes se sont progressivement ancrées dans notre quotidien. Au fil des semaines. Le temps de la réflexion et de l’analyse est alors venu. Et si le télétravail devait s’installer plus durablement dans nos modes de vie professionnels ? Comment l’industrialiser et le rendre confortable ? Voici quelques éléments de réponse.

De l’action à la réflexion

Comme le montre une étude récente d’ICT Journal, les dirigeants de PME se posent déjà la question. Tout simplement parce que nous ne sommes pas à l’abri d’un rebond. Ou d’un autre virus dans quelques années. Ou de toute autre menace qui risquerait de terrasser à nouveau l’économie tout entière. Nul doute que les entreprises auront à cœur de mettre tout en œuvre pour ne plus subir de tels périodes de creux, là encore dans les secteurs où c’est possible.

Cela signifie en substance que les moyens de télétravail ne devront plus être considérés comme la roue de secours des outils informatiques. Mais que le travail à distance sera intégré de facto dans leur conception. Dit autrement, la question ne sera plus de savoir si on est prêt, en faisant éventuellement quelques vérifications de temps à autre. Mais plutôt de transformer ses outils pour qu’ils soient transparents à ces nouvelles conditions d’utilisation.

De figure imposée, le télétravail va devenir un choix réfléchi et délibéré

Par transparents, j’entends que l’expérience des utilisateurs ne sera pas dépendante du lieu où ils se trouvent. L’accès aux données et aux programmes devra offrir le même confort, les mêmes performances et la même sécurité. Que vous soyez dans le train, en conférence, à la maison, ou au bureau. Le télétravail, ou la capacité à le supporter, ne sera alors qu’une conséquence naturelle, pas un but en soi. Et Le bureau, ce traditionnel sanctuaire de l’informatique d’entreprise, ne deviendra alors qu’un point d’accès aux données comme un autre.

Ce dernier point est particulièrement crucial pour comprendre comment les PME vont aborder ce défi. Conserver son informatique sur site ne sera tout simplement plus possible. Et l’externalisation vers des outils centralisés dans le Cloud deviendra la règle. D’ailleurs, vous l’avez remarqué : personne ne s’est mis sérieusement en tête de monter ses serveurs de visioconférence pour organiser des réunions en ligne. Tout le monde s’est plutôt rué sur Zoom ou Teams.

Le télétravail, épicentre du bouleversement des PME

Si l’exemple de la visioconférence est parlant, il s’agit toutefois d’un trompe-l’œil : mettre ses fichiers, ses emails et ses applications en ligne dans le Cloud prend un peu de plus de temps que de faire une simple session de visio. D’où la nécessité d’anticiper, et de former. Pour les PME dont les données et les environnements de travail étaient déjà externalisées dans le Cloud, je peux vous assurer que le passage au télétravail n’a été qu’une formalité, du point de vue informatique en tout cas.

Que la transition ait été facile ou pas, les bienfaits du travail à distance demeurent : gain de temps, moins de stress dans les transports, efficacité décuplée (comme le montre cet autre article récent d’ICT Journal). Mais le point le plus remarquable est ailleurs : les PME réticentes au télétravail y auront goûté, contraintes et forcées. Et on constate un retournement de situation incroyable, ou les récalcitrants d’hier deviennent les pionniers d’aujourd’hui. A toute chose malheur est bon.

Cela préfigure probablement quelques bouleversements à venir. Evidemment, le Covid-19 laissera des traces, et toutes les entreprises ne s’en sortiront pas. Raison de plus pour les autres de se préparer au mieux, et de se donner les moyens de résister à la tempête. De figure parfois imposée, le télétravail – et les outils qui vont avec – va devenir un choix réfléchi, mûri, institutionnalisé, et finalement délibéré.

Emmanuel Dardaine

emmanuel dardaine expert cloud